Par Wilson Le Personnic
Publié le 2 octobre 2015
Chorégraphe et danseuse, aperçue notamment dans les pièces de Myriam Gourfink, Pascal Rambert et Mylène Benoit, Nina Santes envisage le plateau comme un espace hybride où chorégraphie se conjugue avec arts plastiques et musique. Sa participation au programme de recherches chorégraphiques Transforme à l’Abbaye de Royaumont, dirigé alors par la chorégraphe Myriam Gourfink, l’amène à collaborer avec le compositeur Kasper Toeplitz avec lequel elle signe Désastre, solo sous la forme d’un concert chorégraphique. Ces recherches entre concert et pièce chorégraphique se concrétisent dans Self Made Man, solo dans lequel elle déploie un étonnant paysage sonore et plastique.
Travestie sous un bonnet et une chemise trop grande, Nina Santes se rêve d’être un homme. Chantier corporel, visuel et sonore, Self Made Man est une lente construction qui prend forme entre les mains de la chorégraphe. À l’aide d’une table de mixage, d’un micro et de morceaux de bois, elle élabore des structures fragiles et instables. Ses gestes, son comportement, sa voix, tout converge à la rendre méconnaissable, son corps s’efface au profit de celui d’un créateur en quête d’un nouveau monde à bâtir. La scène est une friche qui se métamorphose peu à peu dans une architecture imperceptible, notre perception du son et des images s’entrelacent comme dans un rêve.
Nina Santes offre avec Self Made Man une hypnotisante performance riche en images perceptibles et insaisissables. Du chaos émerge une lumière, d’une incroyable clarté, celle d’un événement indicible qui transcende toute explication cognitive.
Vu au festival Plastique Danse Flore à Versailles. Conception et interprétation Nina Santes. Scénographie Celia Gondol. Lumière Annie Leuridan. Photo Annie Leuridan.