Par Wilson Le Personnic
Publié le 10 juin 2015
Madeleine Fournier et Jonas Chéreau se sont rencontrés en 2005 au CNDC d’Angers. Elle est aujourd’hui interprète pour Emmanuelle Huynh, Fanny de Chaillé, Loïc Touzé et il est notamment interprète pour Daniel Larrieu, Anne Collod et Mickaël Phelippeau. Alter egos artistiques, ces deux-là co-signent ensemble Les interprètes ne sont pas à la hauteur (2011) et collaborent avec la vidéaste Tamara Seilman dans le film 306 Manon. Ils créent en 2013 au Festival Artdanthé le duo Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme).
Le plateau de Sexe symbole est une grande page blanche où tout reste à écrire, une surface vierge et immaculée sur laquelle Jonas Chéreau et Madeleine Fournier expérimentent les possibilités physiques et symboliques de leurs altérités. Camouflés derrière plusieurs couches de vêtements ou entièrement nus, les corps sexués s’estompent au profit d’une chair désincarnée : Jonas s’efface dans Madeleine, Madeleine s’efface dans Jonas. Ils se cherchent, s’agrippent, se montent dessus, s’emboitent ou s’enroulent passionnément jusqu’à perdre haleine.
Lorsque le mouvement s’épuise, la parole prend le relais : un dialogue entre les deux interprètes vient fragmenter cette analogie qui les unit. Leurs qualités sensitives divergent : la nudité devient source de chaleur tandis que les couches de vêtements provoquent une sensation de fraicheur, l’épiderme de l’un réagit aux aspérités rugueuses du plateau, tandis que la peau du second est sensible aux caresses cotonneuses des tissus bariolés. Figures charnelles et bisexuées, Madeleine Fournier et Jonas Chéreau jonglent subtilement avec les genres à travers le prisme d’un corps monument.
Vu au Centre national de la danse à Pantin. Conception et interprétation Madeleine Fournier et Jonas Chéreau. Création lumière Abigail Fowler. Création sonore Christophe Albertijn. Photo Tamara Seilman.