Publié le 3 décembre 2018
Rain (Live), Anne Teresa De Keersmaeker
Avec plus d’une cinquantaine de représentations dans toute l’Île-de-France, le grand portrait dédié par le Festival d’Automne à Paris à la chorégraphe flamande Anne Teresa De Keersmaeker se distingue par son ampleur et sa densité. Le dernier rendez-vous de ce marathon automnal se tiendra du 6 au 8 décembre à La Villette avec une pièce phare de la compagnie Rosas : Rain (Live). Chorégraphiée sur Music for 18 Musicians de Steve Reich, l’écriture foisonnante de Keersmaeker assume ici toute sa fluidité et sa rigueur et donne à sentir la quintessence de son travail. Aujourd’hui interprétée par une nouvelle génération de danseurs, cette reprise confirme son statut, 17 ans après sa création, d’oeuvre majeure de la danse contemporaine.
Delicate Instruments of Engagement, Alexandra Pirici
Situées au point de rencontre entres les arts visuels et vivants, les pièces de la chorégraphe Alexandra Pirici sont aussi bien présentées dans des lieux publics, des théâtres et des espaces muséaux. Sous la forme d’actions performatives, celles-ci sont souvent chorégraphiées à partir d’images extraites de l’histoire de l’art et d’une histoire visuelle plus générale. Présentée dans le cadre de l’Hôtel de Behague, sa dernière pièce Delicate Instruments of Engagement oeuvre à la déconstructions d’images clés d’une mémoire universelle et collective. De l’exécution du Ceausescu pendant la révolution roumaine de 1989, jusqu’à l’image de l’homme dressé seul face aux chars lors des manifestations de Tian’anmen, en passant par le mauvais traducteur en langue des signes des funérailles de Nelson Mandela, ou encore par le geste symbolique de Tommie Smith et John Carlos levant un poing ganté de noir lors de la cérémonie de remise des médailles aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico, la performance juxtapose les temporalités passées et présentes et tente de pointer les achoppements contemporains entre une culture populaire virale, les images largement diffusées sur internet, et leurs origines historiques et politiques. A l’Ambassade de Roumanie (Théâtre de la Ville hors les murs), les 12 et 13 décembre.
As Práticas Propiciatórias dos Acontecimentos Futuros, Vera Mantero
Dans sa précédente pièce Les Serrenhos du Caldeirão, qui abordait les questions de la désertification et de la déshumanisation de la région de la Serra do Caldeirao à l’extrême sud du Portugal, Vera Mantero avait développé un travail performatif à partir des archives de l’ethnomusicologue Michel Giacometti. Dans sa nouvelle création As Práticas Propiciatórias dos Acontecimentos Futuros, la chorégraphe poursuit son projet de mise en place d’une “anthropologie fictionnelle” autour du vaste corpus photographique de l’artiste et théoricien Ernesto de Sousa, qui a recensé entre 1966 et 1968 différents types de sculpture populaire portugaise. Pour concevoir ce nouveau projet, Vera Mantero a sillonné le Portugal sur les pas de ce dernier, rassemblant une matière hétérogène, faite d’images, d’objets et de textes, qui viennent nourrir l’idée d’une nouvelle perméabilité entre les arts dits “populaires” et ceux dits “savants”. Au Théâtre de la Cité Internationale les 13 et 14 décembre.
100% POP, Nora Chipaumire
Depuis ses premières pièces au début des années 2000, Nora Chipaumire déploie un travail de déconstruction des stéréotypes associés aux corps noirs, et envisage la scène comme l’espace d’une émancipation radicale. La chorégraphe originaire du Zimbabwe a sillonné les routes du continent africain, de Cuba et de Jamaïque avant de s’installer à New-York et de devenir une figure iconoclaste de sa scène contemporaine. Deuxième volet d’un triptyque en hommage à trois artistes femmes qui ont bercé sa jeunesse au Zimbabwe (Patti Smith, Grace Jones et Rit Nzele), 100% POP se frotte à la figure de Grace Jones, célèbre chanteuse et mannequin jamaïcaine. Sur les pas de l’égérie noire des années 80, son aura de femme fatale et sa silhouette androgyne, Nora Chipaumire parcours les pages de sa propre histoire, de son adolescence au Zimbabwe à son désir d’indépendance, jusqu’à l’avènement, sur les ondes radios locales et les chaînes de télévision, de la mondialisation médiatique et culturelle. Au Théâtre de la Cité Internationale les 17 et 18 décembre.
Franchir la nuit, Rachid Ouramdane
Le chorégraphe Rachid Ouramdane travaille les thèmes de l’exil, de la migration et de la communauté. Habitué à inventer des protocoles chorégraphiques sensibles pour des non-professionnels, il crée cette fois Franchir la nuit avec des danseurs et un groupe d’enfants. Sur une scène immergée dans l’eau, la communauté hétérogène se rassemble et explose au gré des courants et des vagues. Convoquant les images effroyables de la mort d’Aylan Kurdi, l’enfant syrien dont le corps avait été retrouvé, face dans le sable, sur une plage turque en 2015, le chorégraphe produit une pièce à l’engagement indéniable, un grave hommage aux anonymes disparus pendant la froide traversée qu’ils espéraient pourtant salvatrice. Du 17 au 21 décembre au Théâtre National de Chaillot.
Photo Delicate Instruments of Engagement © Alina Usurelu
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