Propos recueillis par Mélanie Drouère
Publié le 1 juin 2023
Entre cabaret, comédie musicale, théâtre documenté et fiction autobiographique, le spectacle Tatiana s’inscrit dans la lignée formelle du travail de décloisonnement que mène Julien Andujar depuis plus de vingt ans. Dans cette nouvelle création à la fois grave et fantasque, le chorégraphe-performeur revient sur la disparition de sa sœur aînée alors qu’il était enfant. S’appuyant sur cet événement traumatique, l’artiste incarne seul une galerie de personnages et nous propose une traversée bouleversante à travers ses souvenirs et les méandres de sa psyché. Dans cet entretien, Julien Andujar livre les intentions de ce seul-en-scène et en retrace le cheminement.
Julien Andujar, Tatiana est un spectacle qui porte sur la disparition de votre sœur lorsqu’elle avait dix-sept ans et vous, onze. Le projet de partager au plateau cette histoire personnelle est-il ancré chez vous depuis longtemps – vous performez à présent depuis vingt ans -, ou un événement déclencheur a-t-il révélé le besoin de cette création ?
C’est un mixte des deux. En 2012, j’ai créé un court-métrage, intitulé Pappeske, à l’issue d’une résidence d’un mois au WRAP Art Center à Bergen en Norvège où j’avais travaillé sur la disparition, mais de manière presque philosophique : je travaillais sur l’éternité, l’immortalité, le temps… J’y allais à pas de loup, à la découverte d’un sujet qui m’était à la fois très intime et très étranger. Je me demandais comment parler de la disparition puisque, par essence, il n’y a rien. Ou plutôt, il n’y a plus. Parallèlement, dans ma famille, c’est ma mère qui est sans doute le plus en combat pour que l’enquête continue – et c’est le cas d’ailleurs : il y a toujours une enquête qui, en ce moment, passe en cold case. Un jour, je discutais avec ma mère et lui ai dit que je ne savais pas comment faire pour l’aider, parce que je voyais bien qu’elle continuait à participer à des émissions, pour que la pression ne se relâche pas, sur le juge d’instruction, la police judiciaire, la police criminelle ou les cold case, plus récemment. Et ma mère m’a répondu que ce n’était pas mon rôle : «Toi, tu es son frère, tu avais onze ans quand elle a disparu, et même si aujourd’hui tu approches de la quarantaine, je n’ai pas envie en tant que maman que ce soit à toi de faire quoi que ce soit.» Dans cette discussion, j’ai à la fois compris ma mère, mais, quand elle m’a dit «tu es son frère», malgré le sens qu’elle voulait lui donner, je l’ai entendu différemment – au sens littéral. J’ai pris conscience que, certes, je ne suis pas un de ses deux parents, mais qu’en tant que frère de Tatiana, j’avais le droit de m’approprier cette histoire, parce qu’elle est aussi mienne. Je me suis dès lors posé la question : en tant que frère, quelle serait ma parole, et, qui plus est, le petit frère d’une aînée qui a disparu, d’une aînée fille, sis en tout cas. Par conséquent, tout ce projet a germé de la prise de conscience de cette place de frère. En tant qu’artiste chorégraphe, performeur, drag queen, danseur, comédien, sachant chanter, j’ai imaginé que tout ce mélange pouvait être le pilier, la place d’où je devais parler.
À partir de cette position de frère, quel a été votre cheminement vers cette création hybride entre fiction et réalité ?
C’est ce que j’appelle ma fiction autobiographique. Avant même de mettre un pied sur le plateau, j’ai compris qu’il allait falloir que je suive à la fois deux chemins, qui me semblaient interdépendants. Je devais me documenter – parce que ces articles de journaux, ces émissions télé, radio et articles de journaux, podcasts que j’avais vus, écoutés, et lus étaient jusqu’alors quelque chose qui concernait ma famille, et là, ils devenaient une matière pour la création. J’ai ainsi numérisé toutes les cassettes dont ma mère disposait depuis 1997. Le deuxième pan, c’était la rêverie. C’était de me rêver sur scène dans ce projet ; il fallait que j’y prenne du plaisir. D’ailleurs, dès le départ, il était évident que je ne mettrais personne d’autre que moi sur la scène, selon une cohérence inextricable avec la perspective de parler en tant que frère. En corollaire, j’ai toujours dit que si, un jour, on me proposait de faire reprendre cette pièce par quelqu’un d’autre, un performeur, une performeuse, je refuserais : je ne peux pas faire porter cette parole, à qui que ce soit, même si la forme peut paraître transmissible. Elle perdrait le sens de l’hommage -. Quand je me suis demandé quel cadeau j’avais envie de me faire à moi-même, de quelle façon, tout en traversant cette difficulté, je pouvais être lumineux, gâté, heureux de porter ce sujet, en creusant bien, je crois que j’avais envie qu’on puisse percevoir de l’extérieur l’explosion que j’ai à l’intérieur en tant que performeur. Je souhaitais me donner la possibilité de naviguer partout, dans l’humour, dans le drame, dans le chant, dans le texte, dans la danse. Parce que, pour moi, depuis tout petit, il n’y a pas de frontières entre ces champs, et je pense que nous sommes nombreux.ses, en tant que performeur.euses, à le penser : je ne vois aucun cloisonnement entre le théâtre, la danse, le chant, la performativité – performance, le drag. Et cette perception décloisonnée des zones a fait que, dès le début, mes deux démarches – me documenter et me rêver sur scène – ont pu cohabiter sans problème et m’emmener vers cette explosivité du spectacle.
À partir de cette double recherche – travail d’archives, engagement performatif – comment avez-vous initié le processus de création ?
Le processus de création a été à la fois magnifique et très simple. Une fois arrivé au plateau, j’avais non seulement emmagasiné toute cette envie, mais aussi rencontré chaque collaborateur-rice avant la première période de résidence, pour rêver la pièce avec elles et eux, j’en avais absolument besoin. J’ai ainsi laissé énormément de liberté dans la création : scénographie, costumes, création musicale, création lumière, parce que, pour moi, se rêver soi-même dans un projet permet d’arriver au mieux à ce qu’on veut offrir. Aussi, dès le premier jour des répétitions, quand nous sommes arrivés avec nos «besaces» emplies de documentation, de nos rêves, nos croquis, bouts de compositions, nos envies de lumière etc., j’ai proposé à tout le monde : « Nous voici toutes et tous arrivés avec nos outils et c’est formidable mais, dès demain, je veux que nous fassions honneur à ma sœur, que nous commencions les hommages.» Ces hommages, je les appelés les «spectacles du jour»: il s’agissait de se mettre en tête que, chaque fois que je monterais sur scène pour le projet Tatiana, chaque fois que nous nous réunirions pour faire œuvre, en fait, il ne s’agirait pas d’une répétition, mais d’une cérémonie.
Comment votre équipe a-t-elle répondu à cette proposition ?
Dès le deuxième jour à 15 h, chacun était prêt-prête à faire spectacle. Tout le monde avait la trouille, bredouillant : « Mais… on n’a rien !» Et je leur rétorquais qu’à l’inverse, nous avions tout : un théâtre, un sol, tous les possibles, et du temps, jusqu’au lendemain à 15 h. J’avais plein de choses en moi, et le créateur son – qui n’est autre que mon petit frère Alex – pouvait très bien envoyer les Spice Girls s’il en avait envie, etc., nous pouvions tout tester : tout pouvait faire spectacle. Je refusais l’idée des répétitions, avec un début, un milieu, une fin. Et là où cette idée de «faire hommage» a été décisive pour toute l’équipe, c’est qu’à l’issue du premier spectacle du jour, tout le monde était en larmes. Il y avait effectivement tout, comme si nous avions reçu en offrande un rocher qu’il suffisait de sculpter, un rocher un peu brut, et dont nous pouvions déjà considérer le poids, la densité, la taille. À partir de là, il s’agissait d’y aller tout doucement, par petites touches, pour sculpter cette forme qui contenait déjà tout. Le «spectacle du jour» a permis de partager en équipe l’idée selon laquelle la performance, ainsi que le travail d’improvisation, ne m’intéressaient pas. Pour moi, ce qui est intéressant, c’est le risque. Celui qui ressemble à la vie. Moi, à tout moment, dans ma vie, on va pouvoir m’appeler pour me dire qu’on sait ce qui est arrivé à Tatiana. Et ce couperet, je voulais qu’on le sente dans la création, et sur scène. Et je voulais que faire hommage à Tatiana le 17 août 2021 ne soit pas la même chose que faire hommage à Tatiana le 18 août 2021. Parce que, chaque jour, on ne sait pas ce qui peut arriver. C’est un jour de plus sans savoir si on va avoir une réponse. Le «spectacle du jour» était donc à la fois une cérémonie pour ma sœur, mais aussi un acte de célébration, celui du vivant. Nous nous célébrions tous, ici et maintenant.
Il y a donc comme un va-et-vient entre une célébration du vivant et une cérémonie de quelque chose ou quelqu’un dans l’ombre, qui est là, comme en négatif, sur scène.
Exactement. Quelque chose qui nous manque, et quelque chose qu’on ne sait pas. L’être humain a horreur de ne pas savoir. Et c’est précisément ce que nous voulons célébrer ! Nous célébrons ma sœur, mais aussi tous ces gens qui la cherchent. Par ricochets, en célébrant le cercle proche, nous célébrons de nouveau ma sœur. Et je pense que ce qui est fort dans ce spectacle, c’est que ma sœur est là, en permanence, mais en creux. Je ne raconte pas ma sœur, je ne l’incarne pas, je ne l’imite pas – alors que l’essentiel de mon travail est là, dans l’exercice de l’imitation -, on ne l’entend pas, et il n’y a pas une image de ma sœur en géant en fond de scène. Mais elle est tellement là qu’elle n’est plus là, et elle n’est tellement jamais là qu’elle est tout le temps là… Il y a quelque chose d’assez fou à célébrer celles et ceux qui ne sont pas là. Sa présence existe par et dans le groupe de ceux qui la cherchent. Parce que c’est exactement là qu’il y a une différence énorme entre le deuil et ce possible couperet, un possible de tous les jours. Et ça pourrait être cinq minutes avant la représentation. J’ai imaginé ce scénario, cette hypothèse, pour moi comme les spectateurs.rices. Si un jour, tu vas voir le spectacle Tatiana et que, le matin même, en ouvrant le journal, tu lis qu’on sait ce qui est arrivé à Tatiana, tu te demandes ce à quoi tu vas assister le soir, n’est-ce pas, si j’y serai et, si j’y suis, ce qui va se jouer, se dire ? Autrement dit, j’offre la possibilité aux spectateur.rices d’entrer un peu, et non par voyeurisme, dans la famille. Donner à voir ce spectacle, d’un coup, c’est faire endosser aux autres la responsabilité de connaître Tatiana, et de ressentir ce couperet, chacun à sa mesure et avec son tempo. Ce couperet, vous l’aurez pendant toute la pièce, vous l’aurez aussi peut-être avant, vous l’aurez certainement après. Et ce n’est pas prendre en otage les gens, c’est au contraire dire à celles et ceux qui viennent voir ce spectacle-cérémonie sur Tatiana : «Vous n’êtes pas simplement dans une fiction, vous n’êtes pas en dehors du réel : vous êtes impliqué.e.s. Vous n’êtes surtout pas un «quatrième mur». Vous venez donner de votre personne, et prendre de ma personne. Et là, nous allons pouvoir dialoguer.» Je ne garantis absolument pas que chaque personne vibre, et cela ne me pose aucun problème, mais si on est prêt à entrer dans ma proposition, on entre dans mon salon. Parce que le théâtre, à ce moment-là, c’est mon salon, c’est ma chambre, c’est ma cuisine, c’est la maison de la famille Andujar. Et soudain, on est pris dans cette intimité-là. Dans l’impossibilité du deuil, dans l’impossibilité d’abandonner Tatiana. Dans cet «hors de question». Car c’est de sa mémoire dont il s’agit ; tout le monde me dit : «Mais ça fait 27 ans !», mais pour moi c’était il y a 27 ans, il y a dix 10 ans, 20 ans, 3 ans, c’était hier. Tous les jours, il y a juste un matin de plus, je prends un café de plus, et subitement ou progressivement, ça fait 27 ans !
Le théâtre est-il selon vous le seul espace de possible pour faire cérémonie ?
Dans le réel, faire cérémonie reviendrait à accepter qu’elle n’est plus là. Nous en avons beaucoup parlé avec ma mère. Comment faire cérémonie ? C’est sans doute à cet endroit que j’ai eu les pires cauchemars de ma vie. Je pense que, plus encore que d’imaginer ce qui a pu lui arriver, c’était d’imaginer une cérémonie, je ne sais pas, un 12 février : «Bon bah allez, vous êtes dispo quand la famille pour une cérémonie, on se fait un doodle ?» L’idée de faire cérémonie dans le vivant a provoqué chez moi une angoisse terrible. Quand ? Où ? Pourquoi ? Comment ? Avec qui ? On a beau réfléchir, on a beau inventer, on ne peut pas. Donc si je ne peux pas le faire dans le vivant, pourquoi ne le ferais-je pas dans l’endroit des fictions, le théâtre, tout en laissant la porte ouverte au réel ? Et c’est là où le théâtre, qui est pour moi à la fois la maison et le lieu de tous les possibles, a permis de rendre hommage à ma sœur, chose impossible à faire dans le quotidien de la vie réelle. La disparition, c’est si complexe, si fou que, selon moi, il faut essayer, et là, j’essaye. Et pour le moment, ça marche. C’est très émouvant pour moi de le dire, mais : je rends honneur à ma sœur, et quand je fais honneur à ma sœur sur scène, je ressens les vibrations dans le public, j’entends ces retours qui me disent : «Nous aurons toujours Tatiana en nous.» C’est incroyable que mon plus beau rêve devienne réalité, par le théâtre. De prendre ainsi conscience ensemble que, par le théâtre, nous vivons une chose qu’en dehors du théâtre, nous ne pourrions pas vivre. Car la mémoire, pour moi, c’est le plus important : de notre vivant, de transmettre notre mémoire de vivants à vivants. Et je crois que c’est ce que le spectacle vivant détient de fort.
Le théâtre permet-il en quelque sorte d’élargir le cercle familial de Tatiana ?
La pièce se termine sur cette phrase de ma maman, qu’elle a dite en 1997 dans une émission de Julien Courbet, Sans aucun doute : « Avec l’amour, on soigne tout. », et en finissant la pièce avec cette citation, il s’agit en effet de faire famille. L’idée est de véhiculer le sentiment que ce que nous venons de vivre avec cette pièce n’est pas la vérité, c’est ma vérité. Quoiqu’il en soit, où que nous soyons dans ce non-deuil, et où que nous soyons en tant que spectaeur.rice dans la réception de ce qui vient de se passer, avec de l’amour, j’en suis sûr, et ça peut être paraître naïf et je l’assume, mais, oui, avec l’amour, on soigne tout. C’est de dire à tout le monde : nous faisons famille, à présent, et je ne vais pas vous laisser seuls avec ça, nous sommes ensemble ; je suis Julien Andujar, et à tout moment, vous pouvez me trouver où vous voulez. D’ailleurs, j’accompagne les gens jusqu’à la sortie, jusqu’à la dernière personne qui sort du théâtre, et c’est important pour moi, ça fait partie du process, comme à des obsèques, on accompagne, c’est un rituel. Il est d’ailleurs étonnant de voir comme nous sommes capables d’organiser des obsèques sans en détenir les codes, à partir de nos seuls besoins, très forts. Je viens de le vivre en septembre, avec le décès de mon frère, ce besoin d’être ensemble, le besoin qu’ont les gens de venir nous soutenir, nous toucher, parler à mon frère, toucher le cercueil, offrir quelque chose. Comme mon frère était punk, nous avons distribué des Posca pour que tout le monde puisse écrire sur le cercueil, le décorer. C’est fou d’avoir vécu cet événement en septembre et de me dire que, depuis, je le vis de nouveau, pour ma sœur. Il y a donc un don de moi, mais il y a aussi un don des gens. Dans le public, ma cousine a un soir emmené sa fille de huit ans ; elle était littéralement en larmes à la fin de la pièce, en larmes, elle ne parvenait pas à s’arrêter ! Je me demande encore ce qu’elle a vécu, à son âge, ce qu’elle a traversé pour être dans cet état.
Vous incarnez au plateau un éventail de personnages, des membres de votre famille, etc. Que ou qui représentent-elles et ils ?
Il y a en effet tout un peuple sur scène que j’incarne seul. Mon amie imaginaire, Valentina, est une Espagnole tout droit sortie d’un film de Pedro Almodovar. Avec Valentina, on va manger de la tortilla, tu vas reprendre un café con leche parce qu’elle s’occupe de tout (rires). Valentina, on l’aime forcément, et c’est certes mon amie imaginaire, mais c’est surtout pour moi toutes les femmes de ma famille, les espagnoles accueillantes qui te prennent dans les bras. C’est toujours le drame, le rire, le too much, le drag… On ne sait pas si c’est du travestissement, et peu importe ; pour moi, l’amie imaginaire est très importante parce qu’elle assure le passage qui permet de tout accepter. Dès lors que les gens acceptent que mon amie imaginaire les accueille, ils vont pouvoir accepter beaucoup de choses et, à partir de là, j’incarne l’avocat de la famille, Maître Etienne Nicolau (qui est décédé cette année), un Perpignanais très reconnu dans ses fonctions, avec un accent roussillonnais très fort, et une présence particulière, puissante. Il a toujours suivi la famille, sans jamais nous faire payer un seul centime, il a toujours été là. Il y a ma meilleure amie Elsa qui est aussi du Sud. Elsa, c’est à la fois l’adolescence, l’immaturité et celle qui est là quoiqu’il arrive. Elle pourrait être de l’Estaque, elle est too much et, en même temps, elle balance des vérités. Elle parle de la prof qui me demande tous les matins si j’ai des nouvelles de ma sœur. Elle parle des critiques et des méchancetés que je subis au collège. Elle parle en creux de mon homosexualité et du fait que je sois différent. Les protagonistes qui encadrent la pièce et l’enquête, et font donc comprendre que c’est réel, sont ma mère et l’avocat, tandis que l’amie imaginaire fait plonger dans la fiction. Après, il y a le quotidien, représenté par Elsa, puis un homme grenouille qui, lui, part du réel mais n’est plus du tout réel. Il part de la vraie vie, car un homme grenouille s’est véritablement présenté chez nous deux ans après la disparition de ma sœur à la demande du juge d’instruction pour perquisitionner la maison pour voir si Tatiana n’était pas découpée et disposée dans le congélateur ou au fond d’un puits ! J’ai créé un homme grenouille un peu fantastique, un peu comme un homme chauve-souris ; c’est un personnage clé parce qu’au départ, on l’aime, Il est super, il a une voix un peu bizarre mais on comprend au fil du temps ce qu’il est venu faire en fait. Enfin, il y a les commères du village qui représentent ces gens qui font courir des rumeurs malsaines, outrageuses, au quotidien, sur la famille.
Parmi tous ces personnages, où êtes-vous ?
Tandis que ces personnages, dramaturgiquement, offrent autant d’apparitions pour parler de la disparition, je pense que je suis un peu partout, comme ma sœur, omniprésent, omniscient… Cette pièce parle de ma métamorphose de l’adolescent de onze ans à l’interprète de trente-huit ans. Je me révèle au fil de la pièce en faisant tomber les artifices, un à un, au sens où j’apparais moi-même en faisant disparaître progressivement tous mes «moi», à savoir tous ces personnages, imaginaires ou tirés du réel. Je suis le lien entre ma sœur et vous. Je suis le messager du réel et de l’au-delà. Je suis sur scène, vivant, à raconter mon histoire.
Tatiana, auteur et interprète : Julien Andujar. Dramaturges : Audrey Bodiguel & Yuval Rozman. Scénographie et costumière : Rachel Garcia. Musicien, compositeur & régisseur son : Alex Andujar. Créatrice lumière & régisseuse lumière : Juliette Gutin. Professeur de chant : Mélanie Moussay. Chargé de production : Charles-Éric Besnier – Bora Bora Productions. Photo Vincent Curutchet.
Tatiana est présenté le 1er juin au festival June Events,
les 14 et 15 décembre au Théâtre du bois de l’Aune à Aix en Provence,
le 19 janvier dans le festival ICI&LÀ au Théâtre Sorano à Toulouse.
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