Photo © Linda Qibaa

Anna Chirescu & Grégoire Schaller, Ordeal by water

Propos recueillis par Wilson Le Personnic

Publié le 11 mars 2023

Complices de longue date, la danseuse et chorégraphe Anna Chirescu et l’artiste plasticien Grégoire Schaller développent ensemble un travail au carrefour de la danse et des arts visuels. Au cœur de leur recherche, ce croisement disciplinaire permet de réinvestir leurs pratiques respectives et d’expérimenter de nouvelles approches du corps et du mouvement. S’inspirant d’un répertoire de codes gestuels issue de pratiques sportives, leur création Ordeal by water confronte la recherche du mouvement parfait à son échec. Performance pour une danseuse (Anna Chirescu) et un musicien (Simon Déliot), ce duo explore le dialogue sous tension entre matière musicale et chorégraphique. Dans cet entretien, Anna Chirescu et Grégoire Schaller reviennent sur leur rencontre, leur démarche artistique et sur le processus de création d’Ordeal by water.

Anna, Grégoire, vous travaillez ensemble depuis 2016. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre, vos affinités artistiques, vos atomes crochus ?

Grégoire Schaller : Nous nous sommes rencontrés au Palais de Tokyo, pendant le festival Do Disturb ! Vittoria Mattarese, la commissaire de l’événement, m’avait invité à adapter Das Lichtquant, un projet vidéo sur la lumière quantique que j’avais fait alors que j’étais étudiant à l’ENSCI-Les Ateliers, l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle. À cette époque, le monde du spectacle vivant m’était encore totalement inconnu, et le Palais de Tokyo m’avait mis en relation avec deux danseuses : Anna et Léa Pérat, afin de concevoir cette adaptation performative…

Anna Chirescu : Le Palais de Tokyo m’avait sollicitée pour participer à une performance dans le cadre de leur festival. Ils m’ont proposé de choisir avec quel artiste je souhaitais travailler. Le travail de Grégoire m’avait séduite par le traitement littéral et décalé d’un sujet sérieux, la physique quantique. Notre relation s’est initiée sur ces ‘atomes crochus’, pour filer la métaphore de la physique, et nous nous sommes liés de façon organique. Nous avons ensuite été sollicités pour d’autres performances muséales d’abord, puis nous avons développé en 2018 notre premier projet pour le plateau, et les propositions se sont ensuite suivies les unes les autres assez naturellement.

Votre recherche semble se matérialiser différemment selon chaque projet. Pouvez-vous revenir sur les différentes réflexions qui traversent aujourd’hui votre recherche artistique ?

Anna Chirescu & Grégoire Schaller : Au-delà de nos parcours respectifs, inscrits dans leurs propres disciplines, nous nous sommes rencontrés autour de problématiques communes. Parmi elles, un des axes de recherche fort est la question de la virtuosité des corps, dont les enjeux sont à la fois techniques et spectaculaires. Nous nous sommes fortement intéressés à la volonté de réussite et de perfection qui caractérise de nombreuses disciplines sportives de haut niveau (dont la danse en premier lieu), autant qu’aux stratégies critiques de déconstruction de ces idéaux. Au sein de ce territoire opposé, nous avons questionné le rapport à l’échec, à la contrainte, à l’épuisement, à la figure, mais aussi au geste quotidien. La première pièce chorégraphique que nous avons co-signée en 2018, Dirty Dancers, en collaboration avec le comédien et metteur en scène Florian Pautasso, est à ce titre révélatrice de ce spectre de recherche, en mettant en tension deux figures : Nadia Comaneci et Yvonne Rainer, deux personnalités mythiques qui à nos yeux permettaient de dialectiser ces pôles conceptuels. Dans nos créations suivantes, d’autres problématiques ont infusé notre recherche, de notre rapport au progrès avec Crash, pièce co-signée entre Grégoire et Florian, à l’éco-féminisme et notre relation au vivant avec la dernière pièce d’Anna, Vaca, à la question de la perte et du deuil dans Ekkrino, le dernier projet de vidéo danse in situ de Grégoire. Un autre axe de recherche qui a progressivement infusé nos projets est le travail sur l’intime, notamment à travers la question du témoignage et le travail du récit personnel. Les enjeux dépendent de chaque projet : qu’il soit davantage initié par l’un ou l’autre, qu’il réponde à une commande extérieure ou un projet d’éducation culturelle… Mais on pourrait dire que, globalement, notre recherche s’inscrit dans un territoire qui touche à la fois aux arts visuels (scénographie, vidéo, objet) et au champ chorégraphique. Chaque projet invente un univers, des mondes en soi, en puisant dans d’autres champs disciplinaires que ce soit pour la recherche de matériaux scéniques mais aussi dans la floraison que la forme prendra au plateau. Tous ces projets dialoguent entre eux parfois de façon très proche, parfois de plus loin, en tout cas plastiquement et formellement, et leur porosité vient certainement des questions qui nous animent qui s’entrecroisent. Progressivement, nous en sommes venus à assumer des places très différentes sur chacun des projets qui sont portés par la compagnie : de la co-mise en scène au regard extérieur, de la conception vidéo à la dramaturgie… Par ailleurs, chaque recherche qui voit le jour agrège des collaborateurs de manière assez organique. Plus que la question disciplinaire, ce sont plutôt nos prismes d’intérêts qui se croisent, autant dans ces cosmogonies de projets que dans les rôles propres que nous y tenons.

Anna, vous êtes chorégraphe et danseuse. Comment votre pratique et votre travail se sont-ils déplacés par cette collaboration ? Comment cette collaboration nourrit-t-elle votre recherche chorégraphique ?

Anna Chirescu : La rencontre avec Grégoire a coïncidé avec un moment particulier dans mon parcours de danseuse où la question de l’écriture commençait à se poser. En 2016 j’étais au milieu d’une longue expérience de compagnie au CNDC d’Angers dirigé par Robert Swinston, où je dansais intensément le répertoire de Merce Cunningham. En parallèle, j’avais commencé à écrire sur la danse dans différents médias et notamment au sein des ateliers d’écriture du festival Aerowave. Je pratiquais aussi régulièrement aux côtés de Dimitris Kraniotis et Christine Kono l’improvisation et l’écriture instantanée. La jonction entre ces différentes pratiques et la rencontre avec Grégoire ont agi comme un déclencheur et provoqué une sorte d’émulation. C’est cette collaboration qui m’a permis de faire un pas du côté de l’écriture. La rencontre de nos familles artistiques a été très riche. Grégoire m’a introduit au travail plastique, au rapport à la matière, aux objets, un monde qui m’était encore assez éloigné mais qui a beaucoup résonné avec la recherche sur le mouvement. De mon côté, j’ai apporté mon expérience de danseuse, mon bagage académique, mes expériences en tant qu’interprète dont celle sur Cunningham qui a teinté mon travail ces dernières années. Depuis mon «rivage» de la danse, et Grégoire celui des arts visuels, nous avons imaginé et traduit des situations gestuelles, corporelles que nous envisagions totalement différemment. Nos expertises respectives sont venues dialoguer dans une dimension d’ouverture. Chacun de nous a déplacé sa pratique pour mieux l’observer de côté. En studio, lors des premières pièces où nous étions souvent en duo, nous avons beaucoup questionné nos deux présences, nos corps qui véhiculent des histoires radicalement différentes. Chacun a été novice dans la discipline de l’autre, et je crois que cela a été très fructueux. C’était aussi un procédé à l’œuvre dans la pièce Dirty Dancers qui questionne notre rapport à la discipline, à la recherche de la virtuosité et à l’échec. Cette appétence pour le partage des pratiques me suit encore beaucoup, je fais souvent des collaborations avec des artistes d’autres disciplines, et j’apprécie toujours les glissements, frottements et les réflexions qui émanent de ces croisements. Dans le travail, je fais beaucoup confiance au regard de Grégoire, à sa radicalité, à sa sensibilité plastique. Son approche du corps et du plateau, plus performative que la mienne, m’invite aussi à pencher vers des résolutions plus audacieuse. Sur la dernière pièce que j’ai créé, VACA, Grégoire a pris le rôle de dramaturge. Les discussions, les réflexions, les choix ont été guidés par le dialogue que l’on entretient régulièrement depuis notre rencontre. Je crois aussi que cette recherche ensemble depuis plusieurs années m’a incité à pousser la danse dans des zones d’inconfort, de risques, de «l’éplucher» pour retenir parfois des enjeux qui bousculent ma propre vision de la danse.

Grégoire, vous avez une formation de plasticien et designer. Comment êtes-vous venu à la danse ? Comment votre pratique et votre travail se sont-ils déplacés par cette collaboration ?

Grégoire Schaller : À mon entrée à l’ENSCI-Les Ateliers, à tout juste vingt ans, j’ai travaillé au studio du plasticien Théo Mercier (avec lequel il collabore toujours aujourd’hui, en tant qu’interprète dans sa dernière création, Outremonde, ndlr) À l’époque, en parallèle de l’installation concourant au Prix Marcel Duchamp, nous travaillions à l’élaboration de sa première pièce, Du Futur faisons table rase. Au-delà de l’aide à la fabrication des décors, c’est la pratique du plateau qui m’a passionnée. Je passais le maximum de temps dans la salle, à assister aux répétitions, au travail de la matière à la fois plastique, visuelle et vivante, au dialogue entre Théo et les collaborateurs artistiques du projet : Rebekka Warrior, Marlène Saldana, Jonathan Drillet, François Chaignaud et Philippe Katerine. Quelques mois plus tard, je suis parti travailler au studio de Matthew Barney, à New York. Ça a été une expérience fondatrice également. Nous étions une équipe très réduite, j’expérimentais au quotidien des matières dont j’ignorais jusqu’à présent l’existence et des échelles de fabrication monumentales, dans une ancienne usine de production de jus d’orange du bord de l’Hudson River, dans le Queens. Une fois par mois, nous organisions des performances au studio. J’y ai vu un espace d’expérimentation décomplexé, où chacun pouvait tester librement des dispositifs performatifs et leur première confrontation avec un public. Il y avait également un espace dans lequel des cartographies murales émergeaient organiquement, elles amalgamaient autant des références iconographiques, historiques, que scientifiques. Dans ces deux expériences, où je me rendais d’abord pour apprendre des techniques de fabrication, j’ai été fortement marqué par la dimension de recherche, de liberté radicale et d’expérimentation, au-delà de toute question disciplinaire. Quand je suis revenu en France, j’ai travaillé sur la dimension performative de l’objet, notamment sur des accessoires sportifs tels que la corde à sauter et le hula hoop. Il s’agissait alors d’étudier la manière dont les variations dans la conception de ces accessoires impactaient le rapport au corps et à sa représentation. Progressivement, j’ai souhaité laisser l’objet de côté pour un temps, afin de me consacrer pleinement à la pratique de la performance qui m’était encore relativement inconnue. En parallèle aux projets développés par la compagnie, je me suis formé au mouvement à travers des workshops qui m’ont beaucoup nourri, notamment avec Gisèle Vienne, Meg Stuart ou encore Volmir Cordeiro. Cependant j’ai la sensation que c’est avant tout ma collaboration avec Anna qui m’a donné une sensibilité particulière à la recherche sur le mouvement. J’ai énormément appris en la regardant au travail, d’abord de l’extérieur, puis en partageant des échauffements ou des exercices dans le cadre de nos collaborations. C’est cette pratique croisée qui m’a véritablement permis de prendre conscience de la finesse et de la subtilité avec laquelle elle avait les moyens de penser et d’incarner le mouvement. C’est aussi une rencontre qui a et qui continue d’orienter mes goûts, au fil d’inépuisables conversations sur des références, des outils de travail, des expériences de spectateur.ices… C’est aussi grâce au soutien d’Anna sur nos / mes différents projets que j’ai peu à peu pu gagner en confiance et assumer mon propre endroit de recherche dans le champ de la performance, là où j’ai commencé en doutant parfois de ma légitimité.

Vous reprenez aujourd’hui votre pièce Ordeal by water, créée en 2016, une performance pour une danseuse et un guitariste. Pourriez-vous retracer la genèse de cette création ?

Anna Chirescu & Grégoire Schaller : Ce premier projet de co-écriture nous a permis de croiser nos outils, nos méthodes, nos références respectives, provenant à la fois du monde des arts visuels et de celui du spectacle vivant. C’est ce croisement disciplinaire qui est au cœur de notre projet de compagnie aujourd’hui. À la base de cette recherche, il y a un dispositif scénographique composé d’un ensemble de quatre sculptures que j’avais conçues en m’inspirant du vocabulaire runique : une forme de proto-alphabet des peuples germaniques, composé de signes utilisés notamment dans des pratiques divinatoires. Ces sculptures faisaient un peu plus de deux mètres de hauteur, et je les ai assez rapidement imaginées comme un cadre qui permettrait de circonscrire le lieu de la performance qui s’y déroulerait. Nous avons ensuite entamé une phase de recherche et d’écriture du mouvement avec Anna, puis nous avons répété avec Simon Déliot, le musicien qui joue de la guitare live pendant la performance. La performance originale était très courte, à peine plus d’une dizaine de minutes, et c’est ce matériel que nous avons repris pour l’implémenter et le déconstruire dans cette nouvelle version créée en 2021, sur proposition du théâtre de Calanques à Marseille. Se replonger dans la pièce, la remettre en chantier et écrire «une suite» était une expérience inédite, tout juste après le premier confinement. Entretemps nos histoires, nos perceptions, nos désirs avaient évolué, et les mêmes questionnements étaient abordés avec un regard plus nuancé, peut-être un peu moins «efficace». Déployer la pièce sur un temps long au gré des années et des transformations nous a permis d’apercevoir que la recherche était un peu à la genèse de Dirty Dancers, en ce qu’elle questionne déjà les dimensions de virtuosité et d’échec, tout en entrant dans un dialogue corporel et plastique avec les sculptures, en créant une sorte d’alphabet vivant dans lequel la danse et les objets se répondent.

L’écriture de la chorégraphie puise dans une base gestuelles sportifs et professionnels. De quoi est composée cette collection de gestes ? Comment avez-vous composé avec ? Comment avez-vous élaboré la chorégraphie ?

Anna Chirescu & Grégoire Schaller : La performance initiale est une sorte de longue phrase composée de figures à la fois sportives, artistiques et professionnelles. Ce kata, comme nous l’appelons, amalgame à la fois des mouvements issus de la danse, de l’escrime, du football, du tennis de table, mais aussi de leurs échauffements respectifs, dans l’idée de donner à voir des gestes préparatoires, qui sont habituellement effectués dans un certain hors-champ, donc soustraits au regard. Le kata se déplie ainsi dans une longue séquence de préparation qui n’aboutit à aucun «exploit», précisément comme cela pourrait être attendu, c’est une chorégraphie de la préparation. Ce premier répertoire est hybridé avec une collecte de gestes utilisés pour communiquer en se substituant à la parole : différents vocabulaires d’arbitrages sportifs ou encore les indications de sécurité d’hôtesses de l’air ou d’agents de trafic automobile ou aéroportuaire. La pièce glisse ensuite dans un mouvement contraire, à l’opposé de la valeur démonstrative du geste de la première partie. Cette deuxième étape se déploie dans une flaque d’eau et procède d’un long écoulement de forme, de déformations induites par des contraintes physiques très intimes et intérieures. Le corps y plus proche d’un «état de matière», informe, qui mute au grès de pliages, des tensions ou d’étirements qui viennent le mettre en jeu. Sa présence répond aussi à la transformation scénographique : un seul totem subsiste aujourd’hui, au lieu de quatre. Plus généralement, la notion de contrainte sur laquelle nous nous sommes rapprochés dernièrement irrigue vraiment notre travail. Qu’elle se matérialise dans le détournement de l’usage des crampons de football sur lesquels Anna fait des pointes ou dans l’usage accumulatoire des gestes de communication non verbale pour la partie finale dite de l’arbitre. Il semblerait que nous aimions définir des cadres contraints dans lesquels le vocabulaire se déploie et peut s’exprimer pleinement.

Un grand totem est présent dans l’espace. Quelle est sa signification ? Comment est née cette scénographie ? Pouvez-vous nous partager l’histoire de cette sculpture ? Quels sont les enjeux de contextualiser la danse dans cet espace ?

Anna Chirescu & Grégoire Schaller : Dans la version originale, cet espace formait virtuellement un carré, voire un cube au sein d’un espace beaucoup plus grand. Pragmatiquement, il permettait de territorialiser l’espace de représentation et de faire écho à notre recherche sur le hors-champ : qu’est-ce qui est – ou non – donné à voir, pourquoi, que devient un geste virtuose qui s’échappe du cadre pour s’inscrire hors-jeu… ? Dans les dernières versions, les sculptures ont tour à tour été retravaillées, pour la re-création de Marseille en 2021, ou bien ont disparues, pour l’adaptation in situ de la performance proposée au MAC VAL de Vitry-sur-Seine en juin 2022 : quel sens prennent-elles dans un parcours d’exposition déjà pensé dans un espace muséal ? Comment ce sens migre lorsqu’elles sont présentes au plateau, dans la boîte noire d’un dispositif théâtral plus frontal ? Aujourd’hui, la seule sculpture présente au plateau est devenue un véritable partenaire de jeu, une forme d’interprète inerte dont la forme répond à l’écriture du corps qui est proposé en regard. Selon nous, la question de leur présence est complexe parce qu’elle cristallise autant des enjeux d’exposition, de décor et de performativité qui varient selon les contextes de représentation. 

Anna partage le plateau avec le musicien Simon Déliot. De quelles manières sa présence est-elle importante ? Pourriez-vous revenir sur le processus musical ? Quelle place lui avez-vous laissé lors du processus de création ? Pouvez-vous revenir sur le paysage sonore et les enjeux de la musique dans Ordeal by water ?

Anna Chirescu & Grégoire Schaller : Le son est un élément fondamental de cette recherche : il est joué live sans interruption du début à la fin de la pièce, l’interprète est présent au plateau : il s’agit vraiment d’un duo. Lors de la performance originale, le son est arrivé après les sculptures, en parallèle à l’exploration chorégraphique. Avec Simon, nous avons commencé par faire plusieurs séances de recherche en studio, afin de trouver le registre, le ton propre de cette matière musicale qui allait étroitement dialoguer avec la matière gestuelle. Ensuite, la rencontre avec Anna puis le processus de recherche s’est construit de manière très organique et empirique, par tâtonnements successifs et ajustements. L’enjeu n’était pas de créer un environnement sonore qui accompagne simplement la pièce, mais d’envisager le son presque comme un interprète à part entière, qui habite lui aussi l’espace de manière spécifique. Il s’agissait également d’envisager les différentes possibilités que la présence du musicien au plateau suggérait en regard des enjeux de recherche autour de la virtuosité et de sa déconstruction au fil de la pièce. Tour à tour, Simon accompagne, galvanise, suit ou relance musicalement la matière chorégraphique, et réciproquement, Anna propose, réagit, se fait écho ou lâche cette relation. Cette recherche a été aussi l’occasion pour nous de mettre en travail la relation musique et danse. Le dialogue s’est exprimé dans des couches de communication subtiles, reposant sur beaucoup d’écoute et de sensation. Simon a par ailleurs conçu la forme de la sculpture actuelle, étant lui-même plasticien.

Ordeal by water, conception Anna Chirescu et Grégoire Schaller. Avec Anna Chirescu et Simon Déliot. Costume Anna Chirescu et Grégoire Schaller. Créateur lumière Tom Bourdon. Photo © Linda Qibaa.

Ordeal by Water est présenté en avant première le 18 mars à l’Etoile du Nord